Etat des lieux

Depuis que j’enseigne, j’ai pu mettre en oeuvre des techniques et une méthode particulière, qui, je le sais, sort du « cadre » établit de l’enseignement tel que nous pouvons le connaitre et tel que nous nous l’imaginons : froid, rigide, ennuyant, stigmatisant, obligatoire.

Comme je l’ai indiqué dans ma présentation personnelle, j’ai été mauvaise élève, qui n’aimait pas l’école et qui n’était pas appréciée par ses enseignants. J’étais de ces élèves qui n’ont aucune attention, qui ne s’intéresse pas, qui regarde dehors, qui bavarde, qui dessine en cours de mathématique et de physique, et qui s’en-tête à ne pas vouloir comprendre ni écouter.

Je ne comprenais pas pourquoi cet apprentissage devait forcément passer par de la violence, de l’agressivité, un caractère obligatoire qui devenait une souffrance quotidienne. J’ai détesté l’école pendant longtemps, mais j’ai appris à l’aimer plus que tout le jour où j’ai eu en face de moi un enseignant qui m’a donné envie d’apprendre. Ce fameux « déclic » est arrivé à ce moment là, lorsque les chaînes de l’obligations scolaire se sont brisées et que j’ai pu décider par moi-même de ce que je voulais apprendre.

Lorsque je suis devenue enseignante à mon tour, statut qui était une grande victoire pour l’ancienne mauvaise élève que j’étais, je me sentie investie d’une mission à laquelle je croyais éperdument : celle de faire aimer l’école, en devenant l’enseignante que j’aurai voulu avoir face à moi à cette époque compliquée de ma jeunesse.

J’ai remarqué que l’apprenant s’intéresse plus facilement à la discipline pour laquelle il doit travailler à partir du moment où l’enseignant s’intéresse à lui, sincèrement. A partir du moment où une véritable relation de confiance s’est instaurée. A partir du moment où le respect se positionne au même niveau entre l’apprenant et le formateur. A partir du moment où l’individu est pris en compte en sa qualité de personne au même titre que le professeur : ils sont sur un même pied d’égalité. L’enseignant formateur devient donc un accompagnateur qui guide et qui oriente, la différence se trouve ici et c’est ce qui permettra une acceptation des apprentissages, une meilleure assimilation et une pérennité dans la motivation de l’apprenant. Celui-ci ne sera pas frustré ni braqué face à l’enseignant qui envisage de lui apprendre de nouveaux savoirs. Au contraire, il viendra avec plaisir car il sait qu’il sera considéré comme un être à part entière, avec ses qualités et ses défauts, sans être jugés.

En pratique

Concrètement, comment se déroule une séance pédagogique ?

Tout d’abord, je déteste le format classique : théorie – exercice – correction. Rien de pire pour désintéresser et (s’)ennuyer.

Je pense que pour intégrer un savoir, il faut se l’approprier et pour cela il faut pouvoir le « retourner » dans tous les sens. Chez moi, la théorie vient après la pratique. On essaye d’abord par soi-même, puis ensuite on explique.

J’aime alterner les périodes de réflexion individuelle avec les travaux de groupe : cela fait émerger les idées, cela permet de confronter ses idées avec celles des autres, cela permet de développer son esprit critique et sa capacité à défendre et à argumenter son point de vue.

J’utilise également des méthodes de créativité tel que la mindmap pour permettre aux étudiants de schématiser leurs idées et pour faciliter leur mémorisation. En voici une vidéo très bien expliquée, ayant pour source le site www.motivactions.fr, dont Firdaws Delhoum Mathallah est une formatrice aguerrie à la technique du mindmapping :

 

J’apprécie aussi enseigner avec le système de classe inversée. Cela facilite l’implication de l’apprenant dans son apprentissage. Il est valorisé car il est responsable de ses recherches et de la création de son « dossier pédagogique » avec lequel il revient en cours pour poser ses questions.

J’ai également découvert que la musique permettait une meilleure concentration lors des travaux individuels ! Cela semble pourtant dingue, mais lorsque l’on écoute un son qui fait du bien, qui apaise ou qui booste, la motivation et la créativité sont exacerbées. Cependant, il est scientifiquement prouvé que le style de musique plébiscité reste la musique sans parole, car cela n’interfère pas dans la réflexion et la transmission rédigée. Je permets donc à mes apprenants, en fonction de l’activité pédagogique à réaliser, d’écouter de la musique s’ils le souhaitent.

J’utilise aussi des applications pédagogiques utilisées outre-atlantique et découvertes par une collègue exerçant le Français dans l’Illinois. Il s’agit de plateformes d’évaluation et d’apprentissage à distance (à lire ici). Les élèves peuvent se connecter avec leur smartphone en classe pour effectuer un QCM en cours de formation par exemple : cela permet de leur faire comprendre que leur téléphone peut aussi servir d’outil pédagogique s’il est utilisé à bon escient, on ne le chasse plus mais cependant on en trouve une utilité responsable lors des cours.

La cohésion de groupe est importante pour une bonne entente et pour poursuivre dans l’objectif de réussite. Je n’hésites pas à organiser des petits déjeuner pour fédhérer « mes équipes », renforcer la solidarité et la bonne entente. Ce qui est génial, c’est qu’ils se prêtent au jeu et que cela devient une de leur initiative dans l’avancement de l’année scolaire : chacun vient, à tour de rôle avec des croissants pour passer un bon moment avant de démarrer la journée de cours ! Des déjeuners font aussi partis du « concept » de mon enseignement : un restaurant de temps en temps pour consolider les relations et motiver les troupes ! C’est important.

Des discussions sont aussi organisées de temps en temps lorsque je m’aperçois qu’ils en ressentent le besoin. Ils ne peuvent pas tout le temps être au top de leur forme, comme tout à chacun nous avons nos moments et nos périodes de fatigue, de démotivation et d’irritabilité, il est donc important de prêter une oreille attentive lorsqu’ils ont quelque chose à dire.

Pour conclure

Je m’évertue à « casser les codes » et à proposer un autre chemin, un enseignement différent pour intéresser au mieux et pour passionner mes apprenants. C’est en cela que je me considère plus comme une accompagnatrice à l’apprentissage, car je devient celle qui aide et qui guide, celle qui valorise et qui encourage, celle qui croit en l’autre et qui l’aide à croire en lui. L’enseignement ce n’est pas préparer une progression et la dispenser sans vie, sans joie, et avec austérité, au contraire, c’est être conscient que l’on participe à l’émancipation et au développement de chaque personne face à nous.

#enjoyteaching